Inside Out (Michael Giacchino) | UnderScores (2024)

INSIDE OUT (2015)
VICE-VERSA
Compositeur :
Michael Giacchino
Durée : 59:34 | 24 pistes
Éditeur : Walt Disney Records

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Rabaissé plus bas que terre par son cauchemardesque patron, groggy sous l’incessante cataracte des épigrammes de ses compagnons de galère, vivant dans l’épouvante sacrée qu’un jour il ne puisse rendre ses textes avant que ne retentisse le gong fatidique, bref, en un mot comme en cent prématurément vieilli, un rédacteur d’UnderScores fait douloureusement craquer ses doigts gourds avant de s’atteler à la chronique d’Inside Out, qui lui promet comme tous ses précédents travaux mille sueurs froides. Il ignore que dans le plus inaccessible et secret des endroits, juste sous sa calotte crânienne, les résidents du Quartier Cérébral sont eux aussi en pleine effervescence…

Joie : Bon, les enfants, j’espère que vous êtes d’attaque. Aujourd’hui, critique d’Inside Out en vue ! C’est une musique pleine de pêche et de bonne humeur, écrite pour un film plein de pêche et de bonne humeur, alors je suis certaine que tout va se passer comme sur des roulettes, n’est-ce pas ?

Colère : Quand tu prends ton air mielleux comme ça, faut toujours qu’une tuile nous dégringole dessus… Sérieusement, Inside Out ? Bon Dieu, s’il fallait absolument imaginer une bafouille sur du Giacchino tout frais, pourquoi pas plutôt Jurassic World ? Des dinosaures vénères qui croquent du touriste, une virée en moto-cross avec des raptors, et une musique bien cuivrée comme il faut pour joliment enrubanner tout ça. Un vrai truc de mecs, quoi.

Dégoût : Ah non, pitié avec tous ces blockbusters clinquants ! Franchement, je ne pourrais même pas dire à quand remonte la dernière fois où Giacchino leur a fait une petite infidélité. Et puis ce Jurassic-machin, là, c’est quand même pas tellement folichon, avec le pilotage automatique enclenché un peu trop souvent à mon goût. A chaque fois que le fameux thème de John Williams vient faire coucou, ce pauvre Michael prend cher, je trouve.

Joie : Raison de plus pour fêter ses retrouvailles avec Pixar ! Les petits génies d’Emeryville ont toujours été pour lui une merveilleuse source d’inspiration. Souvenez-vous, le pastiche « bondien » à cent à l’heure de The Incredibles, ou la gastronomie symphonique trois étoiles de Ratatouille, c’était quelque chose. Sauf que cette fois, il retrouve les petites pépites de sensibilité qu’il avait laissé choir tout du long de Up. Et quoi de plus logique, quand on sait que Pete Docter, le Monsieur Emotion de la boîte, est de retour aux commandes.

Tristesse : Up ! Quand j’y repense, j’en ai encore les genoux tout flageolants. Ce prologue qui condense les petites victoires et les peines d’une vie entière en quelques minutes, et cette ritournelle espiègle qui meurt sur des notes de piano solitaires… Ça m’a rendue tellement triste que j’ai pleuré jusqu’à ce qu’il ne reste plus une larme à l’intérieur de mon corps.

Dégoût : Toi, de toute manière, tu serais capable de verser les grandes eaux à l’inauguration d’un dépôt-vente. Ce petit solo de tuba bedonnant pour illustrer ta première apparition à l’écran, c’était pas mal pensé, hein ? Et vu que le piano qui t’a retournée comme une crêpe est un élément fondamental du score d’Inside Out, ça nous promet encore bien des crues bibliques…

Tristesse : Mais j’y peux rien, moi, si Pixar est incapable de suivre à la lettre le cahier des charges de l’animation US, style « gags pour les gniards et clins d’œil en veux-tu en voilà », sans le marquer de sa griffe si particulière. L’enfance est leur terrain de jeu favori, et si Giacchino a le chic pour liserer de bleu électrique, de vert pomme et de lumières flavescentes ce gigantesque monde des possibles, les nuances douces-amères dont se charbonne sa musique rappellent que le simple fait de vieillir équivaut à une renonciation graduelle et souvent douloureuse des miracles de l’âge tendre. Franchement, si ça ne vous tire pas des larmes…

Peur : Ouais, ben ne comptez pas sur moi pour pleurer sur l’enfance qui s’enfuit. Un rien flanque la pétoche à cet âge-là, c’est insupportable ! Quand le film plonge en apnée dans les profondeurs du subconscient, on sait qu’on va y découvrir des trucs affreux rien qu’en écoutant les cordes décrire des montées ténébreuses, avec cette harpe pleine de mystère, là, juste derrière. Brrr… Et quand le trio d’infortunés tombe nez à nez avec ce clown terrifiant, qui roupille dans l’attente d’un anniversaire à fêter, j’ai bien cru que Giacchino, qui accélère méchamment le rythme à ce moment, allait nous refaire le générique final de Cloverfield !

Colère : Bah voyons… Et pourquoi pas du James Bernard, tant que tu y es ? Notre compositeur connait son boulot, et chez Pixar, ça implique de ne pas virer trop sèchement dans les extrêmes. Paradoxe : même si la nature polymorphe du film l’encourage à tirer tous azimuts, il s’abstient les trois quarts du temps de pousser le bouchon trop loin. Des fois, j’avais envie de le choper par le colbac et de lui dire, mais bon sang, Michou, qu’est-ce que t’attends pour faire sauter la baraque ?

Joie : Ah là là, quelle équipe de rabat-joie on m’a flanqué sur les bras… Tu as oublié la scène du couloir des pensées abstraites, avec ce saxophone complètement barré et ces violentes hachures de tempo qui se fondent dans les triturations limite cubistes de la mise en scène ? Entre nous, dans le Hollywood d’aujourd’hui, tu en trouveras combien, des scores avec un grain de folie pareil ? Ah, on moufte moins, tout à coup !

Colère : Ma parole, t’es en train de me chercher des poux dans la tête, là, fillette. Continue de me chauffer et tu auras de mes nouvelles, exactement comme lors de la séquence où le père mate sa progéniture récalcitrante à grand roulement de percussion martiales.

Joie : Cause toujours, mon lapin ! Moi, rien qu’avec le thème principal, depuis l’émerveillement candide du préambule jusqu’à l’ardeur juvénile qui secoue le générique de fin, je suis aux anges. Ceux qui se plaignent de la pénurie de thèmes mémorables dans la musique de film actuelle ne risquent pas de bouder leur plaisir.

Dégoût : J’avoue qu’au début, je voyais venir gros comme une maison le truc gnangnan. Il y a deux-trois passages, quand le bonheur familial est encore une chose simple et immaculée, où Giacchino frétille sur un fil tendu au-dessus d’un précipice de glucose. Vous savez, les cordes qui larmoient l’air de rien, le piano tellement pudique qu’il ne raconte plus grand-chose, la gratte de guitare mimi tout plein… Mon nez se fronçait déjà d’embarras. Mais c’est vraiment trois fois rien, au bout du compte. Inside Out arrive même à tirer quelque chose d’intéressant de toutes ces couleurs rose bonbon avec le thème de Bing Bong, l’ami imaginaire.

Peur : Je l’aime bien, moi, ce drôle-là. Avec sa silhouette rondouillarde, sa trompe d’éléphant et sa musique, qu’on dirait autant écrite pour un numéro de cirque bouffon que pour une attraction foraine, pas d’inquiétude à avoir. Il ne nous veut que du bien, c’est sûr.

Tristesse : Oh ! Oui. Il est même tellement dévoué à son hôte qu’il n’hésite pas à se sacrifier, ayant compris qu’une petite fille déjà grande de onze ans n’a plus besoin de lui pour faire son petit bonhomme de chemin dans la vie. Quand je l’ai vu disparaître dans l’abîme des souvenirs noyé d’ombres, avec toujours son grand sourire réjoui sur la figure, et la tendresse mélancolique du piano de Giacchino qui lui rendait un dernier hommage, oh, comme j’ai pleuré…

Colère : Eh voilà, vous avez tous réussi à me dégouter de cette musique de gonzesse. Quand je pense que parmi nos chroniques récentes, il y avait Predator 2 et Commando… Du burné comme je le préfère !

Joie : Il n’y a bien que toi pour ne pas trouver Inside Out terriblement rafraichissant, espèce de gros bêta. Je croise très fort les doigts pour que les fans de Giacchino, et tous les autres tant qu’à faire, se régalent comme il se doit à l’écoute de ce petit trésor. Ne s’agirait-il pas de son meilleur score dans une année 2015 sacrément chargée ? J’en prends le pari.

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Author: Dan Stracke

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